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mortalité de l’âme et la métempsycose, sanction de la loi morale. Il y a donc un abîme entre le Cambodgien, croyant et religieux, et l’Annamite, incrédule et matérialiste.

Cependant, comme l’Annamite, le Cambodgien croit aux génies, diables ou démons et aux revenants. Ces derniers sont chassés par l’arac (ancien ami mort), protecteur de la famille, auquel on offre un culte et les fleurs du frangipanier. On l’invoque par l’intermédiaire de vieilles sorcières, qui font des incantations et ont des inspirations prophétiques comme la sybille de Cumes.

Fêtes religieuses. — Elles sont très nombreuses chez le Kmer. La principale est le Chol Cbnam, le premier de l’an, analogue au Têt Annamite, que l’on célèbre comme ce dernier, par des sacrifices, des réjouissances publiques. Le religieux et bon croyant Cambodgien y ajoute, en plus, des offrandes aux bonzes. Dans les familles, les enfants offrent l’eau lustrale à leurs parents, comme chez les Romains, et les esclaves lavent le corps de leur maître. Il y a un jour férié à chaque changement de lune nommé le thngay-sel, et ceux de la nouvelle et de la pleine lune sont plus solennels.

Les jours de fêtes sont célébrés par des visites aux pagodes et des offrandes aux bonzes. Ceux-ci ne se laissent pas oublier, comme on le voit.

Les bonzes célèbrent en grande pompe, dans leurs pagodes, la pleine lune de Mai, anniversaire de la mort de Bouddha. Les familles offrent à cette occasion des festins auxquels on fait asseoir les bonzes à la place d’honneur.

Enfin, en Février, les bonzes font dans les champs des processions, analogues aux Rogations catholiques, pour attirer la bénédiction du Ciel sur les fruits de la terre. Les laboureurs offrent ensuite des repas plantureux à ces excellents bonzes.