Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/124

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Ceux-ci célèbrent, dans la saison des pluies, une sorte de carême nommé Prasa, en souvenir du repos de Çakya Mouni, qui consacrait cette saison à l’instruction religieuse de ses disciples. Chaque pagode entretient constamment allumé un immense cierge, dit le Tien-Prasa, qui a son analogue dans le cierge pascal des églises catholiques.

Fêtes familiales. — Les familles rendent, au commencement du Prasa, les sacrifices aux ancêtres, mais sans la participation des bonnes. Outre ce culte des ancêtres, les Kmers rendent hommage aux Neac-ta qui, comme les génies des Annamites, sont leurs dieux pénates. Les divinités sont chargées par le dieu Indra (Prea-lu) du soin des villages, maisons. On les invoque dans les cas de maladies épidémiques et grandes calamités publiques.

Superstitions. — J’ai déjà dit que le Kmer était très superstitieux. Le médecin, chez lui, d’une ignorance crasse comme médecin, est, par le fait, un sorcier, qui pratique la contre-partie de l’envoûtement, si connu de nos aïeux du Moyen-Age. Le médecin (cru), façonne une statuette en argile et la dépose dans un endroit écarté. Puis il ordonne au démon qui est cause de la maladie, de sortir du corps et d’aller se jeter dans la statuette. Le chat-huant et d’autres oiseaux de nuit sont réputés porter malheur. Le crédule Kmer a foi dans les talismans pour se rendre invulnérable aux balles, faire rater le fusil d’un ennemi, éloigner les revenants. Il y en a même qui ont le pouvoir de faire pousser des ailes et de faire envoler l’heureux possesseur dans le Ciel. On m’a assuré gravement que leur composition était perdue. Mais si on peut se procurer des dents et défenses, voire même du poil de moustache de tigre qui est, à ce qu’il paraît, un poison violent (je n’en ai pas essayé), il est