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passage) refusé obstinément tout contact avec les gens de couleur.

Les gens du monde à la Guyane. — Au contraire, à la Guyane, Blancs et gens de couleur, officiers et fonctionnaires venus de France, vivent dans la meilleure intelligence, se fréquentant d’après leur position de gens du monde, sans faire la moindre attention à la couleur de la peau.

Les salons du Gouvernement étaient ouverts à tous, et dans les bals on faisait aussi bien danser les filles du millionnaire W***, blanc de France, marié avec une Négresse, que les demoiselles C***, issues d’une des cinq vraies familles blanches du pays.

Le caractère commun et dominant de toutes ces filles pseudo-blanches ou de couleur, c’était le désir d’épouser un homme à teint plus clair. Un officier du Corps de la Marine, ou un fonctionnaire de l’Administration, homme du monde, était le rara avis, le véritable merle blanc à dénicher.

Il y a lieu de remarquer que toutes les familles Créoles un peu aisées de la Guyane, s’imposent les plus grands sacrifices pour l’éducation et l’instruction de leurs enfants. Filles et garçons sont élevés en France, de douze à dix-huit ans, dans les meilleurs établissements. Les jeunes filles deviennent en général d’excellentes musiciennes. Elles sont, plus tard, d’excellentes mères de famille, et l’Européen qui les épouse a rarement à le regretter.

Hospitalité des Créoles de Cayenne. — Le Créole de Cayenne a un caractère réellement hospitalier. Quand on a été admis dans une maison, et qu’on n’est pas un ours mal léché, on est en réalité l’ami de la famille, dans le sens strict du mot. Si l’on possède quelques talents de société, chanteur de romances, tapoteur de piano, valseur émerite, etc., on est tout de suite classé en première