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1848. Le mélange de tous ces peuples divers a fait une race sans caractère original, plus ou moins abâtardie, corrompue par son contact avec le Blanc et par la tare de l’esclavage des grands parents. Il n’en est pas de même au Sénégal. Quoique l’esclavage y subsiste, les diverses races ont conservé leurs caractères particuliers, et rien ne diffère plus par exemple d’un Yolof qu’un Peuhl.

Les Yolofs viennent du Oualo et se sont établis peu à peu dans notre capitale du Sénégal. Mais ils ont conservé les mœurs et coutumes de leurs ancêtres, qui se sont laissés convertir au Mahométisme. C’est pour eux qu’on a élevé une superbe mosquée à la Pointe Nord. Leurs cases s’alignent le long des rues de la ville et sont divisées en groupes séparés par des tapades ou claies en roseaux de cinq à six pieds de hauteur. Une cour est toujours réservée devant ces cases. Pendant que la femme travaille dans la maison, l’homme pêche, chasse ou occupe un petit emploi.

La race Yolof est belle ; sa stature est au-dessus de la moyenne de l’Européen. Les bras et les jambes sont longs ; mais, si la cuisse est assez charnue, le mollet est très maigre. Le pied est large et plat, la tête petite. Loti, dans le Roman d’un Spahi, dépeint exactement le Yolof en quelques lignes : « Si on s’arrête devant Saint-Louis, on voit bientôt arriver de longues pirogues à éperon, à museau de poisson, à tournure de requin, montées par des hommes noirs qui rament debout. Les piroguiers sont de grands hercules maigres, admirables de formes et de muscles, avec des faces de gorille, avec une persévérance Nègre, une agilité et une force de clowns ; dix fois de suite, ils ont relevé leur pirogue et recommencé le passage ; la sueur et l’eau de mer ruissellent sur leur peau nue, pareille à de l’ébène verni. »