Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/200

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pagne, aux seins pendants, accroupies devant la porte des cases, fument leur pipe et regardent passer le promeneur. Devant la porte se trouve le mortier à mil, creusé dans un immense tronc d’arbre, et l’on peut voir souvent la batteuse de mil portant son enfant à cheval sur les fesses, manier le lourd pilon. Des négrillons tout nus, filles et garçons, avec une ceinture de grains de verroterie enfilés dans une ficelle, vous environnent et vous poursuivent du refrain monotone : Toubab, donne-moi sou.

Si, des deux pointes de l’île, vous passez sur l’étroite bande de sable qui s’étend entre la mer et la rive droite du fleuve, vous tombez sur le village du faubourg de Guet’N’Dar, relié à la ville par un petit pont sur pilotis. C’est dans ce faubourg que se tient le marché indigène, si pittoresquement décrit dans le Roman d’un Spahi, de Loti. Enfin, pour sortir de la ville par l’Est, et aller dans la grande Île de Solir, il faut traverser un immense pont de bateaux qui a huit cents mètres de long.

Caractères anthropologiques de la race Yolof. — La ville de Saint-Louis est à peu près entièrement habitée par la race Yolof ou Oualof. Cependant on peut y trouver des spécimens de toutes les races Nègres du Sénégal. Il serait trop long d’entrer dans le détail de ces diverses races, et en prenant les Yolofs comme type, il me suffira, par suite, de faire ressortir les principales différences que les autres présentent avec celle-là.

Dès les premiers pas à travers la ville et ses faubourgs Nègres, le voyageur qui a visité nos colonies d’Amérique, trouve une grande différence entre leurs habitants et le Nègre d’Afrique. Les Noirs des Antilles et de la Guyane proviennent d’anciens esclaves importés de tous les coins de l’Afrique depuis Louis XIII, et libérés en