Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/208

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rangées et du plus pur émail ; sa gorge, son buste sont admirables de forme ; ses membres bien proportionnés, un peu grêles peut-être ; ses attaches fines ; avec sa peau bronzée, rougeâtre plutôt que noire, la jeune Sarrakholaise est un petit être qui ne manque ni de charme ni de séduction. Toutefois, à la suite des croisements multiples avec les races Noires, chez un grand nombre de Sarrakholais, les traits se sont dégradés, ont dégénéré et ont emprunté à ces races leurs formes épaissies et grossières.

» Ce qui est demeuré comme un trait caractéristique du peuple Sarrakholais, c’est une intelligence supérieure à celle des autres peuples au milieu desquels il vit, une civilisation plus avancée, une âpreté au gain toute particulière, et surtout un esprit de mercantilisme, une aptitude vraiment extraordinaire pour le commerce, qui ont fait surnommer les Sarrakholais les colporteurs de l’Afrique occidentale.

» Ces colporteurs Sarrakholais fournissent tous les Dioulas, qui sont les caravaniers. Leur pacotille se compose d’un peu de sel, de cotonnades, de poudre et de quelques fusils de traite. Ils brocantent et troquent leurs marchandises en voyageant d’une contrée à l’autre, et quand ils ont acquis quelques gains, ils se font marchands d’esclaves : c’est leur rêve favori. Le Dioula a eu soin, dans cette prévision, de se munir au départ de quelques fers habilement forgés, dont il se servira pour soumettre, réduire les captifs les plus récalcitrants, ceux qui, provenant de prises de guerre, se résignent difficilement à leur sort misérable, succédant à la condition d’homme libre et qui, prompts à la révolte et d’une garde difficile, lui ont été vendus quelquefois pour une poignée de sel. D’autres Sarrakholais, qui n’ont pas un goût assez vif pour la pérégrination, emploient d’autres moyens pour arriver à cette situation tant désirée de chef de case. Dès