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griots de peuples musulmans. Ils n’ont jamais résisté à l’attrait d’un bon verre d’absinthe ou de sangara (eau-de-vie de traite), quand on le leur offrait en cachette.

Si le griot chante pendant le combat, le forgeron répare les armes, fabrique les grossières balles en fer forgé, et, après la bataille, chirurgien improvisé, coupe les membres, tranche dans les chairs des blessés et extrait les balles. Pas un Européen ne résisterait aux mutilations, souvent atroces, qui résultent de cette chirurgie peu conservatrice. Je dirai en passant que la femme du forgeron circoncit les jeunes filles, chez les peuplades où cette opération est pratiquée, et, chez les Kassonkés, coiffe les femmes et même les hommes. Pour en revenir aux griots, ils ne s’allient généralement qu’entre eux, et, à leur mort, ne sont pas jugés dignes d’une cérémonie funèbre. On les enterre généralement avec leur instrument dans le tronc d’un arbre creux que l’on bouche ensuite.

Esclaves. — Il y a trois catégories de captifs ou esclaves. La première comprend les captifs de case, qui font partie, depuis plusieurs générations, des esclaves de la famille et sont nés dans cette position. Ce sont plutôt des serviteurs à vie que des esclaves proprement dits. On ne les vend que très rarement, et pour des motifs très graves. En fait, ils sont considérés, par la coutume, comme partie intégrante de la famille, comme les affranchis de la Rome antique. La deuxième catégorie est composée du captif de lougan, ainsi nommé parce que c’est lui qui a la charge de la culture et des travaux divers. Généralement, on l’a acheté jeune, et il a grandi dans la maison. On tient à lui presque autant qu’au captif de case, et son sort n’est pas trop misérable. Vient ensuite le captif de traite. Celui-ci est une véritable marchandise humaine ; à peine nourri, malmené, battu sou-