Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/230

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ter. Celle-ci, debout et toujours couverte de son voile, les écoute. Au dehors, le tam-tam fait fureur, et les griots chantent les exploits futurs et la grandeur du marié. À un moment donné, celui-ci entre dans la case, en expulse les femmes, ferme la porte, enlève le voile de la fiancée et ensuite… Le lecteur devine le reste.

À peine est-il entré, que le vacarme redouble, les tam-tams résonnent à crever, les vieux fusils à pierre, chargés à pleines poignées de poudre, partent avec des bruits de pièce de campagne, les femmes tapent des mains avec frénésie en chantant l’épithalame, et en sautant autour de la case, comme des Bacchantes. Les soupirs et les cris de la mariée sont couverts par ce bruit infernal, qui ne gêne en rien cependant les ébats du mari, au moins à ce que l’on m’a assuré.

Fidélité de la Négresse. — En général, la Négresse se montre fidèle à son mari, mais cette fidélité a lieu surtout vis-à-vis du Toubab, car elle craint de faire un Mulâtre, qui serait la preuve vivante de sa faute. C’est ainsi, en fait, que cela se passe à Saint-Louis, et il est plus facile d’obtenir les faveurs d’une jeune fille que d’une femme mariée. Bien souvent, par manière de plaisanterie, j’ai proposé le congrès aux femmes de mon voisinage, avec lesquelles je m’amusais à causer librement. « Allah terré ! » « Dieu me tuerait ! » s’écriaient-elles en rentrant précipitamment dans leurs cases.

Généralement, les Européens qui ne veulent pas ou ne peuvent pas trouver femme, en se procurant une bonne à tout faire, n’ont pour ressource que des prostituées de bas étage, véritables pierreuses de l’endroit, honnies et méprisées, comme des êtres immondes, par le reste de la population.

Les femmes de Tirailleurs. — La première chose que fait un Tirailleur, c’est de chercher à ramasser