Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/232

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réserve. Il garnit ses deux cartouchières du devant et met le restant des munitions dans une poche à cartouches sur le derrière. Sur le côté est une peau de bouc pleine d’eau. La femme et les enfants suivent le Tirailleur en expédition. Le linge, les vivres, les ustensiles de ménage, les provisions de bouche, tout cela est entassé dans d’énormes paniers ronds que les Négresses portent sur sa tête ; le poids souvent monte à plus de cinquante kilogrammes, et avec cela, les malheureuses font l’étape. Les enfants vont à pied, les tout petits portés à califourchon sur la croupe de leur mère. À l’arrivée, elles font des huttes de feuillage, lavent le linge, font cuire le couscous. Quand le mari est de service de garde, les galants ont beau jeu.

Si la femme de Tirailleur a la cuisse légère, elle a aussi le cœur sur la main. Demandez n’importe quoi à une Négresse, elle vous le donnera si elle l’a, lors même qu’elle devrait s’en priver. Mais aussi, comme elle a acquis des droits à votre reconnaissance, elle vous demandera souvent son dimanche[1]. Heureusement elle se contente de peu, et une piécette d’argent la satisfait. Le Noir, en général, a comme un besoin inné de recevoir des cadeaux, et, riche ou pauvre, le moindre présent lui fait toujours plaisir.

La polygamie. — La polygamie existe chez tous les Noirs ; mais, en général, les pauvres se contentent d’une femme. Les traitants riches de Saint-Louis peuvent en avoir jusqu’à six : une pour chaque jour de la semaine, repos le dimanche. Seuls, les marabouts et les grands chefs peuvent en avoir un nombre presque illimité, mais je dois dire qu’ils n’en abusent pas.

La maîtresse suprême de la case. — La maîtresse

  1. Expression de troupier : demander son dimanche, se faire donner une gratification.