Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/233

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suprême de la case est toujours la première femme épousée ; les autres sont considérées comme des servantes : à rapprocher cette coutume de l’histoire d’Agaret de Sarah, les deux femmes d’Abraham. Mais s’il y a du tapage, de la discorde dans la case entre les femmes, le mari les met d’accord en tapant dessus, avec une rare impartialité. Tout homme peut prendre comme femme une captive, et tant qu’elle reste stérile, il peut la vendre ou la céder. Si elle a des enfants, elle acquiert des droits légitimes et devient partie intégrante de la famille.

La jalousie, inconnue à la Négresse. — Toutes les Négresses, à quelque race qu’elles appartiennent, ont un caractère commun : c’est le peu de jalousie qu’elles montrent à l’égard de leur seigneur et maître. Et ceci est évidemment un résultat du droit du mari à posséder plusieurs femmes. La même Négresse, qui se vantait auprès de Mme D*** du haut prix mis par son mari à l’obtention de sa main, vint quelques mois après lui faire une visite et lui annoncer qu’elle était dans une position intéressante ; elle lui demanda un service. Son mari, se disposant à partir pour le Haut-Fleuve, manquait d’argent pour acheter une deuxième femme et elle venait emprunter deux cents francs dans ce but. Cet argent était destiné à servir d’acompte, le mariage devant se faire avant le départ du traitant, qui certainement, au retour, rapporterait de quoi rembourser le prêt et payer intégralement le prix de la deuxième femme. À cette demande naïve, la petite Mme D*** resta suffoquée, et s’écria : « Comment, malheureuse, tu viens emprunter de l’argent pour que ton mari achète une autre femme ? mais tu n’es donc pas jalouse ? — Jalouse, qu’est-ce que c’est que cela ? » dit la Négresse. — « Mais », reprend la Blanche, « c’est d’être la seule femme, la seule maîtresse chez toi, la seule enfin à partager le lit de ton