Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/234

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» mari. — Ah ! cela m’est bien égal, » riposta l’autre ; je trouve que mon mari est trop souvent après moi, et qu’il me fatigue trop. Quand nous serons deux, la besogne sera moins lourde. Quand nous serons trois, il y en aura une qui se reposera, et quand nous serons quatre, en dehors du soin de nos enfants, nous pourrons ne rien faire et causer entre nous. Si le mari nous bat, nous nous défendrons mieux. » Le fait est que la femme Noire, si le mari commun la moleste à tort, est défendue par les autres femmes. Il ne fait pas bon la pousser à bout, si elle a raison, car le lourd pilon à mil est entre ses mains une arme redoutable. Dans ce cas, le mari n’a qu’une chose à faire : filer doux ou sortir vivement de la case.

Divorce. — Quand la femme est trop maltraitée, elle est libre, en restituant la dot, de quitter son mari et même d’en prendre un autre. Ce procédé sommaire de divorce n’est pas conforme à la morale civilisée, mais il a le mérite rare de rendre les relations habituelles entre époux plus affectueuses qu’on ne pourrait le croire d’abord. Les enfants ne gênent pas dans cette séparation à l’amiable, car ils suivent la mère, et le nouveau mari prend à la fois la poule et les poussins.

Quant à l’esclave, maîtresse transitoire, tant qu’elle n’a pas d’enfants de son maître, elle ne jouit d’aucun droit. Gardée, tant qu’elle est jeune et jolie, vendue quand elle a cessé de plaire, tel est son lot.