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Le manou de l’homme. — L’habillement du Canaque est d’une simplicité primitive. L’homme se coiffe la tête d’un mouchoir noué en turban avec sa fronde, et l’embellit souvent de plumes et de verdure. Il se pare le corps avec des colliers en poil de roussette, des bracelets de coquillage aux bras et aux jambes. Le lobe de l’oreille est souvent percé d’un trou, dans lequel on met un rond de bois gros comme un bouchon. Le ventre est serré avec une ceinture de cuir et de corde, et le comble du high-life consiste à se frotter la poitrine avec un mélange de suie et d’huile de coco. Mais le véritable costume du Canaque est le manou, accoutrement en étoffe de couleur voyante, rouge généralement. Voici en quoi le manou consiste. Je ne sais plus quel est le vaudevilliste Parisien qui a fait dire à un officier de marine revenant de la Nouvelle-Calédonie, qu’avec une paire de gants on pourrait habiller dix Canaques. Il aurait fallu pour cela des doigts de gant au-dessus de la moyenne. Un autre boulevardier non moins plaisant a dit que rien ne ressemblait plus à un Canaque qu’un monsieur allant en soirée dans le grand monde, car tous deux portaient des habits à queue. Je demande pardon au lecteur de cet affreux jeu de mots, mais il est typique.

L’habit unique s’appelle le manou, que le Français a traduit par le mot moineau. Pour fabriquer son manou, le Canaque prend un mouchoir de coton de couleur vive, l’enroule, l’entortille autour de sa verge, de manière à lui faire un capuchon conique dont la pointe tombe jusqu’au genou, puis il passe les deux bouts opposés au-dessous des bourses et les attache sur le pubis à la base de la verge. On conçoit le singulier effet que produit ce bizarre accoutrement, quand on le voit pour la première fois. On s’y fait vite, même les dames Européennes de la brousse. Dans les sauts et bonds que fait le Canaque en