Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/283

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d’avant en arrière que chez l’Européenne, mais bien moins que chez la Négresse d’Afrique. Quand l’hymen existe, il a habituellement la forme annulaire. Mais il n’existe pas toujours, car l’enfant est souvent déflorée de très bonne heure. Une fois femme, la nécessité de se donner à plusieurs hommes déforme vite les organes génitaux. Il n’y a en effet qu’une Popinée pour cinq ou six Canaques et, dans certaines tribus, il y a même huit ou neuf hommes pour une femme. C’est là l’unique cause de la polyandrie, et l’on conçoit que la malheureuse Popinée, entre une bonne demi-douzaine de maris qui la font travailler le jour à coups de manche de casse-tête et la nuit l’empêchent de dormir à coups de cet instrument de labour que nos pères appelaient le doigt sans ongle, n’a guère de repos et de tranquillité. Généralement, après deux enfants, la Popinée est épuisée. Aussi la dépopulation de la Nouvelle-Calédonie marche à grands pas, surtout depuis la guerre de 1878, qui a détruit presque toutes les tribus de la côte Ouest, à l’exception de celles de Koné et de quelques autres sans importance.

Division de la race Canaque en tribus indépendantes et ennemies — Les peuplements successifs de l’île par migrations successives du Noir, venant de l’Ouest, et du Maori, venant de l’Est, la forme allongée de l’île qui ressemble à une chaîne de montagnes émergeant de l’eau, et séparant complètement les deux côtes Est et Ouest, la division des bassins des rivières par de nombreux contreforts d’accès assez difficile, tout a concouru à séparer la race Néo-Calédonienne en une série de tribus souvent ennemies. Néanmoins, le fond du langage est commun, et les mœurs sont les mêmes. Une tribu est constituée par plusieurs villages, dont les chefs relèvent du chef de la tribu. C’est une véritable féodalité organisée comme les clans de l’ancienne Écosse.