Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/33

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Droits et devoirs de la femme Annamite. — La coutume donne à la femme Annamite, quoiqu’elle soit payée par son mari, des droits que n’a pas la Française. En réalité, comme elle est plus intelligente et plus laborieuse que l’homme, c’est elle qui dirige à peu près tout. Elle travaille constamment, garde la boutique, va au marché, décortique le riz, égrène le coton, soigne la basse-cour, tisse les étoffes, repique le riz au soleil comme l’homme, fait la cuisine et conduit la barque dans les familles de mariniers.

Caractère de la femme Annamite. — C’est la forte tête de l’association conjugale, mais elle est menteuse et dissimulée comme le mari, joueuse et gourmande. Aussi lascive que l’homme, elle le trompe quand elle le peut, si elle y trouve plaisir ou agrément. Je ferai plus loin le portrait de la femme Annamite mariée de la main gauche à un Européen, qui joue toujours le rôle de Georges Dandin.

Adultère. — Sa répression. — La femme Annamite ne vit pas renfermée comme la Chinoise, et ne connaît pas le supplice des petits pieds. Elle a donc toutes facilités pour faire pousser du bois sur la tête de celui à qui, le jour de ses noces, elle a promis fidélité. À Saigon et dans les villages environnants, les mœurs sont faciles, et l’amateur du beau sexe jaune aux dents noires peut faire son choix. Dans l’intérieur, je n’ai pas trouvé beaucoup plus de retenue vis-à-vis de l’étranger, surtout s’il est généreux et discret. La loi, cependant, punit l’adultère de peines sévères. Comme le Code pénal Français (avant la loi sur le Divorce), il admet une excuse légale pour l’homicide commis par le mari sur la femme et son complice, en cas de flagrant délit. Je ne l’ai jamais vu appliquer pendant mes cinq ans de séjour. En outre, le Code Annamite renferme l’article suivant : « La femme adultère