Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/370

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si on en excepte toutefois les filles du peuple ; et même parmi ces dernières, il y en a beaucoup qui sont chastes. Il est très vrai qu’il y a des prostituées, comme partout ailleurs ; le nombre en est peut-être encore plus grand, et telles étaient les femmes qui venaient à bord de nos vaisseaux ou dans le camp que nous avions sur la côte. En les voyant fréquenter indifféremment les femmes chastes et les femmes de premier rang, on est d’abord porté à croire qu’elles ont toutes la même conduite, et qu’il n’y a entre elles d’autre différence que celle du prix. Il faut avouer qu’une prostituée ne leur paraît pas commettre des crimes assez noirs pour perdre l’estime et la société de ses compatriotes. »

La danse lascive Timorodée. — « Parmi les divertissements de ces insulaires, il y a ici une danse appelée Timorodée, exécutée par des jeunes filles toutes les fois qu’elles sont au nombre de huit ou dix. Cette danse est composée de postures et de gestes extrêmement lascifs, auxquels on accoutume les enfants, dès les premières années ; elle est accompagnée d’ailleurs de paroles qui expriment clairement la lubricité. Les Tahitiens observent la mesure avec autant d’exactitude que nos meilleures danseuses sur les théâtres d’Europe. Ces amusements, permis à une jeune fille, lui sont interdits dès le moment qu’étant devenue femme, elle peut mettre en pratique les leçons et réaliser les symboles de la danse. »

Le mariage chez les Tahitiens. — « Il paraît », dit Cook, « que le mariage à Tahiti n’est qu’une convention entre l’homme et la femme dont les prêtres ne se mêlent point : cependant les mariés observent quelques cérémonies. Le nouvel époux s’assied à côté de sa femme ; il prend sa main qu’il met dans la sienne. Il est accompagné de dix à douze personnes, dont la plupart sont des femmes, qui chantent sur un ton de récitatif : les