Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/369

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jouissance. Vénus est ici la déesse de l’hospitalité ; son culte n’y admet point de mystère, et chaque jouissance est une fête pour la nation ; ils étaient surpris de l’embarras qu’on témoignait de notre côté. »


On remarquera la différence dont le fait est raconté par les deux célèbres navigateurs. L’Anglais Cook mentionne l’offrande à Vénus, sans faire intervenir les siens ; Bougainville, plus franc, avoue que les Français témoignaient quelque embarras de se voir donner ainsi en spectacle, mais il ne cherche point, par une fausse pudeur, à nier que quelques matelots (probablement des Provençaux, race paillarde et primesautière) se soient livrés à de pareils ébats, coram populo.

Reprenons le récit de Cook : « On ne peut pas supposer que ces peuples estiment beaucoup la chasteté : les hommes offrent aux étrangers leurs sœurs ou leurs filles, par civilité ou en forme de récompense, et l’infidélité conjugale, même dans la femme, n’est punie que par quelques paroles dures ou par quelques coups légers. Ils portent la licence des mœurs et la lubricité à un point que les autres nations, dont on a parlé depuis le commencement du monde jusqu’à présent, n’avaient pas encore atteint et qu’il est impossible de concevoir. »

Cook écrivait les lignes précédentes lors de son premier voyage ; lors du second, il se montre moins sévère dans son opinion sur le libertinage des Tahitiens :

« Cependant, » dit-il, « ceux qui ont représenté toutes les femmes de Tahiti et des Îles de la Société, comme prêtes à accorder les dernières faveurs à tous ceux qui veulent les payer, ont été très injustes envers elles ; c’est une erreur. Il est aussi difficile dans ce pays que dans aucun autre d’avoir des privautés avec les femmes mariées d’un certain rang et avec celles qui ne le sont pas,