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Page:Jacolliot - Voyage au pays des Brahmes.djvu/142

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voyage au pays des brahmes.

les voix d’Amoudou, mon Nubien, et de Pounousamy, le bohis du capitaine.

Je ne mis pas en doute un seul instant que mes gaillards, qui tous deux professaient le même amour pour le callou (liqueur fermentée du cocotier) et les belles, n’eussent joué à Kandapour quelque tour de leur façon.

Aussi ne fus-je nullement étonné de voir le thasildar, ou chef du village, se diriger vers notre campement, suivi de nos deux serviteurs et d’un grand nombre d’Indous des deux sexes. Je jugeai l’affaire plus grave que je ne l’avais pensé tout d’abord, en voyant un brahme, qui traînait deux femmes par leurs pagnes, se dégager de la foule qui l’avait jusque-là dérobé à nos yeux.

— Saëbs (seigneurs), nous dit le thasildar en s’approchant, voici le brahme Arouna qui vient vous porter plainte contre un de vos serviteurs.

— Lequel ?

— Le mouloucoucoma (cet homme à tête de mouton), fit le chef en désignant Amoudou. Mais avant de laisser le brahme exposer sa plainte, continua-t-il, je dois vous prévenir qu’il a mis en sang quatre de mes pions de police, et m’a menacé du même traitement quand j’ai voulu l’arrêter…