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les ruines de bedjapour.

pour en retirer les vases pleins de callou, ou jus de palmier, ont trouvé un moyen ingénieux de le faire rapidement et presque sans danger. Ils nouent ensemble, par les deux bouts, une corde qui, ainsi doublée, possède une longueur d’environ quarante centimètres ; ils placent alors les deux jambes dans ce cercle de corde, prennent l’arbre à bras-le-corps, et saisissant le tronc avec les deux pieds comme avec les mains, ils n’ont qu’à écarter légèrement les jambes, pour que les deux pieds retenus au-dessus de la cheville par le lien fassent office de tenailles, en cet état ils montent avec une rare dextérité et sans fatigue.

Moins d’une demi-heure après son départ, Vaïtilinga était de retour avec un écorceur de cannelle, presque noir à force d’être bronzé et entièrement nu. La vie que mènent les Tchaléas dans les forêts, au milieu des fauves, leur fait considérer tout vêtement comme un luxe inutile. Ils s’habillent cependant les jours de fête, quand ils descendent dans les villages.

Le bruit des broussailles violemment repoussées devant eux nous avait annoncé leur arrivée, plus d’un quart d’heure avant qu’ils fussent parvenus près de nous ; la nuit était si calme, si silencieuse, que nous entendions les singes jouer dans les branches à plus d’un mille de notre