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voyage au pays des brahmes.

campement ; les oiseaux chanteurs s’étaient tus peu à peu ou avaient gagné les sommets, chassés de la plaine par la chaleur.

Nous ne nous expliquions pas les causes qui poussaient le cornac et son compagnon à cette course rapide qui n’était pas sans danger la nuit. Avant que nous ayons eu le temps de les interroger, Vaïtilinga nous cria dès qu’il nous aperçut :

Ingué po… ingué po ! chicroum ! c’est-à-dire : Vite, vite, sortez d’ici !

Il ne faut jamais discuter dans l’Inde, lorsqu’un indigène, qui n’adresse jamais la parole à son maître sans y être convié, prend sur lui de vous parler ainsi, c’est que le danger n’est pas loin.

Les bufflones, dans l’incertitude du lieu où nous établirions notre campement, fort heureusement, n’avaient pas été dételés, nous nous hâtâmes de nous placer dans le haoudah de Mahadèva, et toute la colonne s’ébranla sous la direction du Tchaléa, qui nous fit brusquement tourner à droite en animant l’éléphant par ses cris : au bout d’un quart d’heure nous commençâmes à monter, et l’Indou mit nos animaux au pas. Jugeant que le moment était venu de l’interroger, je le fis appeler par Amoudou.

Le pauvre diable vint s’agenouiller aux pieds