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voyage au pays des brahmes.

une foule de trigonocéphales, de cobra-capels et de couleuvres s’enfuir à toute vitesse, et comme le gaillard se nourrit principalement de ces animaux, il avait là le vivre et le couvert. Notre présence devait le déranger singulièrement, car pendant tout le restant de la nuit il ne cessa de pointer à intervalles inégaux ses notes tristes et monotones. Après une légère collation, nous parquâmes les bufflones dans l’intérieur, et ayant confié à Mahadèva la garde de l’ouverture démantelée qui jadis avait servi de porte, nous nous étendîmes dans nos charrettes à bœufs. Nous ne tardâmes pas à nous endormir, bercés par les bruits étranges qui montaient jusqu’à nous des vallées et des bois, cris des fauves, chants des cascades, murmures de la brise qui nous jetait à flots les senteurs des cannelliers et des champs de vétyvers ; tous ces échos réunis formaient le plus pittoresque et le plus singulier de tous les concerts…

Au soleil levant nous étions sur pied, l’éléphant n’avait pas quitté son poste de gardeur, et près de lui Amoudou, sur pied avant l’aube, achevait de préparer la peau du tigre qu’il avait dépouillé avec sa dextérité habituelle.

La tour des rajahs était située à peu près au sommet des Gaths, et le Tchaléa, avant de nous quitter, put nous indiquer, au loin dans