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Page:Jacque - Le Poulailler, 1878.djvu/242

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On n’a pas même laissé aux Anglais, comme fiche de consolation, le droit de faire battre les coqs. C’est vraiment bien dommage, car les coqs de combat ne semblent naître et vivre que pour se donner bientôt la mort.

Il est impossible de se faire une juste idée du vertige qui s’empare de ces animaux lorsqu’ils peuvent se joindre. Rien n’égale leur impétuosité, la rapidité de leur attaque ; la rencontre est tellement furieuse, que les premières passes sont indescriptibles. Les combattants ne forment pendant un instant qu’une espèce de pelote, où têtes et queues se confondent. C’est à peine si, aussitôt qu’on vient de les lâcher l’un sur l’autre, on a le temps de les séparer avant qu’ils se soient porté des coups dont la force égale la vitesse. Un bon coq, en se précipitant sur son adversaire, le saisit rapidement avec le bec à la tête, qu’il trouve moyen de retenir par quelque coin, malgré la suppression habituelle de la crête et des caroncules, et en un clin d’œil douze à quinze coups des terribles éperons d’acier dont on les arme sont portés à la tête. Les éperons y restent quelquefois si fortement engagés, que, malgré la violence de leurs mouvements, les combattants ne pourraient les arracher sans les efforts de l’homme qui surveille le combat.

Au reste, ces gaillards ne cherchent à tromper personne, et leur mine répond à leurs mœurs. L’œil est sinistre, la démarche inquiète et féroce, et les battements réitérés de leurs ailes dénotent leur monomanie furieuse.

Les poules chaussent aussi l’éperon et se livrent des combats à mort.

On a beaucoup parlé de l’utilité de ces volailles, dont on a vanté, avec raison, la fécondité, la délicatesse et les qualités maternelles ; mais leur sauvagerie et leur méchanceté en interdisent l’emploi dans les basses-cours. La curiosité que leurs mœurs peuvent exciter, la richesse incontestable de leur plumage, et l’attrait de la conservation d’une race si tranchée, peuvent néanmoins encourager les amateurs à ne pas laisser perdre cette espèce.