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Page:Jacques (Huot) - La tête de mort, 1944.djvu/12

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— Sais-tu en quoi il consistait ?

— Je n’ai pas de précisions, mais je sais qu’on lui faisait des injections dans les bras. Au bout de quelques jours, il devint taciturne et malcommode.

— A-t-il été traité pendant longtemps ?

— À peine trois semaines.

— Ses yeux prenaient-ils du mieux ?

— Au contraire, il ne voyait presque plus clair. Ce doit être pour cela qu’il s’est suicidé.

— Pas pendu toujours ?

— Non. Pendant l’absence de sa femme ce matin, il s’est tiré une balle dans la tête.

— Et tu es certain qu’il s’agit bien d’un suicide ?

— C’est le verdict du coroner et j’ai aussi eu l’opinion des constables qui ont fait les constatations d’usage.

— As-tu été plus chanceux avec Lévesque ?

— Celui-là du moins vit encore.

— Où est-il dans le moment ?

— À l’usine.

— Pourquoi a-t-il été traité ?

— Il l’est encore d’ailleurs. C’est pour une affection au cœur.

— Quel est son emploi ?

— Il est inspecteur pour le canon de 25 livres.

— A-t-il un bon moral celui-là au moins ?

— Pas meilleur que celui des autres.

— Tu ne trouves pas cela étrange, toi, ce changement qui s’opère chez les patients de la clinique aussitôt qu’ils commencent à se faire traiter ?

— Je suis d’accord avec toi. Mais tu pourras constater par toi-même, car Lévesque doit venir ici un peu après 5.30 hrs cet après-midi.

Julien Durand réfléchit pendant quelques minutes, puis demanda à son ami Tremblay de faire l’impossible pour faire venir immédiatement ce Lévesque.

Pendant l’absence de son assistant, il ne cessait de penser à une idée qui lui était venue en entendant l’histoire de Rosario Benoît.

S’agissait-il réellement d’un suicide ?

N’était-ce pas plutôt la répétition du cas de Frigon ?

D’un autre côté si Benoît, qui était un excellent dessinateur, était sur le point de perdre la vue, il aurait bien pu