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une mensualité à la clinique, qu’il soit malade ou non. Mais en cas de maladie, personnelle, ou dans sa famille, ils reçoivent tous les soins requis sans payer plus.

— Monsieur Frigon était abonné à cette clinique, je suppose ?

— C’est ça. Il est donc allé là pour se faire examiner. Il a suivi un traitement pendant un mois, c’est-à-dire jusqu’à sa mort, survenue hier soir.

— Travaillait-il en même temps ?

— Oui.

— Vous avez mentionné des troubles, tout à l’heure.

— Sa santé ne revenait pas malgré le traitement. Au contraire il souffrait maintenant de fréquents et terribles maux de tête.

— À part cela ?

— C’est à ce moment qu’on a commencé à le soupçonner de commettre des indiscrétions relatives à son ouvrage. Des plans secrets, auxquels il avait accès ont été copiés et remis aux agents de l’ennemi.

— Quelle preuve avait-on de cela ?

— Des agents du Service Secret ont mis la main sur un individu louche qui possédait la copie des plans d’un canon, qu’on dit merveilleux, mais qui n’était encore qu’à l’état d’expérimentation.

— Et c’est là qu’on a pensé à votre ami ?

— Comme question de fait, il était le seul à avoir accès à tous les plans de ce canon. Ses camarades de bureau avaient bien travaillé sur le canon aussi, mais sur des parties isolées. Aucun d’eux ne pouvait comprendre l’ensemble.

— Et vous êtes certain que votre ami Arsène ne se serait pas laissé tenter… ?

— Je vous le jure, monsieur.

— Savez-vous quelque chose sur l’attentat contre les agents du Service Secret, hier soir ?

— J’étais dans la machine d’Arsène avec lui, quand l’affaire est arrivée.

— Racontez alors.

— Nous revenions du théâtre. Il souffrait beaucoup de sa tête et nous faisions un tour sur la rue Sherbrooke afin de prendre l’air. Depuis quelques jours, Arsène était toujours suivi. Il m’en avait parlé et c’était d’ailleurs visible.