Page:Jacques Bainville - Les Dictateurs.djvu/201

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par une poussée irrésistible. Nicolas II abdique le 11, à son quartier général. Les grands-ducs hissent le drapeau rouge sur leurs palais. La garde impériale passe au camp des révoltés. La révolution est faite et n’a pas coûté cinq cents morts.

Les prolétaires se sont soulevés seuls. Cette absence de chef se fait aussitôt sentir. La Douma forme servilement un gouvernement provisoire dont le principal ministre est Kerensky. Parallèlement, se crée un soviet des ouvriers et des soldats, menchéviks pour la majorité. Ces deux organismes inconciliables se partagent bizarrement le pouvoir et entrent en conflit dès le 14 mars. Le gouvernement provisoire décide sans discussion de continuer la guerre. Le soviet lance un manifeste de paix aux peuples du monde entier.

Les mois qui suivent ajoutent au désordre. La guerre continue, en vertu du principe qu’une démocratie doit lutter contre l’impérialisme allemand. La crise économique s’aggrave. Le gouvernement provisoire louvoie, temporise, retarde de semaine en semaine la convocation d’une Assemblée constituante dont tout le monde espère le salut. Le soviet cherche « un équilibre entre la démagogie et la réaction ». Les lois agraires si attendues ne viennent pas.