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Page:Jacques Bainville - Louis II de Bavière.djvu/111

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fin, prêter les mains à l’exécution. Lutz répondait qu’en réalité il n’y avait rien à reprocher au roi, qui continuait à régner en respectant la Constitution. Il ne semble pas, en effet, que la Bavière ait eu à souffrir de l’étrange existence que menait le roi. À partir de 1883, il s’éloigna davantage du détail des affaires : la Constitution ne s’en plaignit pas. À part l’ennui, pour les secrétaires et les courriers, d’aller chercher le roi dans des résidences lointaines et changeantes, quand il s’agissait d’une signature importante à donner, il n’y avait aucun trouble dans le royaume du fait de la folie réelle ou présumée du monarque.

Il y avait seulement une inquiétude ; la question d’argent. De nouveau, la bourgeoisie se tourmentait à Munich, comme au temps de Wagner, parce que le roi dépensait sans compter, parce qu’il avait des dettes, parce qu’on lui attribuait le projet de commencer d’autres constructions, des châteaux encore plus luxueux et plus coûteux que les autres. Louis II, pour une de ses représentations privées, venait de faire monter la Théodora de Sardou avec un luxe de décors et de costumes inconnu dans la petite capitale et qui n’avait pas exigé moins de deux cent mille marks. « Une soirée qui nous revient cher ! » pensait-on à la brasserie. Et puis, l’on redoutait un palais oriental qui serait élevé au bord du Plansee, un château fort gothique auprès duquel Neuschwanstein ne serait rien. La suite de tous ces murmures fut le coup d’État par lequel le prince Luitpold, oncle du roi, prit le pouvoir.