CHAPITRE V
LA TRAGÉDIE DU 13 JUIN 1886
L’épilogue de la féerie approchait.
À côté des fables qui circulaient dans le royaume, ceci, du moins, était vrai : avec une coupable imprévoyance, Louis II avait fini par s’endetter gravement. Ses goûts de luxe, la construction de ses châteaux, ses représentations privées absorbaient chaque année beaucoup plus que les revenus de la Couronne. Loin de se borner, le roi, au contraire, avait des désirs toujours plus coûteux. Les fournisseurs, qui savaient que le risque n’était pas grand, s’empressaient de faire crédit à un aussi bon payeur. Le roi, dédaigneux de l’argent, se laissait dévorer par une malpropre usure.
Un jour vint, pourtant, où des créanciers inquiets se firent exigeants. Ne recevant pas satisfaction, ils recourent au scandale. Grande humiliation pour le roi. Gêne exaspérante en même temps car il entendait ne renoncer, sur aucun point, à son royal train de vie. « C’est un des privilèges de la couronne que le roi n’ait aucun désir à se refuser », disait-il avec une froide netteté. Contre cet aphorisme venaient se briser les respectueuses représentations du ministre des Finances,