Depuis son règne, la capitale bavaroise est surnommée l’« Athènes de l’Isar ». Mais c’est une Athènes en carton-pâte, une suite de froides imitations de toutes les architectures célèbres. On y voit des Odéons grecs près d’un jardin du Palais-Royal, avec ses arcades et ses jets d’eau. L’église de la cour est copiée sur la Capella Palatina de Palerme ; la Galerie des Maréchaux sur la Loggia de Lanzi de Florence. De fausses Propylées s’élèvent au milieu d’une prairie. Le pédantisme ne manque même pas aux étiquettes de ce vaste musée de moulage la galerie de peintures s’appelle pompeusement Pinacothèque.
Cependant, le goût des beaux-arts valut à Louis une fâcheuse et retentissante mésaventure. Une danseuse, une aventurière, jolie femme et d’ailleurs femme d’esprit, Lola Montez, s’imposa au royal amateur et ne rêva rien de mieux que de renouveler à Munich le règne de la Pompadour. Tout de suite malveillante, la bourgeoisie bavaroise cria bientôt au scandale. Lola Montez déshonorait le trône et ruinait le Trésor. Elle allait « mettre en ballet l’histoire de Bavière ». L’indignation déborda lorsque la favorite prétendit obliger le Conseil d’État à l’anoblir. Et lorsque la comtesse de Landsfeld, entourée de cavaliers servants qui portaient ses couleurs et qu’on appelait les « Lolamontains » molestèrent les railleurs dans la rue, elle-même ne se faisant pas faute de distribuer des coups de cravache, ce fut une révolution.
L’effervescence qui courut l’Europe en 1848 vint se joindre à ce mécontentement contre la favorite. Des troubles éclatèrent d’abord à l’Université, et bientôt la rue s’en mêla. Pour éviter un conflit, Louis se résigna au sacrifice. Il se sépara de Lola. Il chassa Berk, le ministre de camarilla qu’elle avait fait nommer. Mais, quelques jours plus tard, le bruit se répandait que la favorite avait repris sa place au