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Page:Jacques Bainville - Louis II de Bavière.djvu/13

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palais. Il y eut un commencement d’émeute. Alors, lassé de l’aveuglement et de l’ingratitude des foules, Louis Ier, dans un moment d’exaspération, abdiqua, le 19 mars 1848, en faveur de son fils aîné. Ni les prières de sa famille, ni celles des députations qui vinrent l’assurer de la fidélité de ses sujets ne purent le déterminer à reprendre sa parole. Sans doute, il s’estimait trop heureux d’avoir reconquis son indépendance. Il pourrait désormais vivre en artiste, à sa guise.

Il se hâta de se rendre à Rome, qui n’avait jamais cessé de l’attirer. La vie de société et de flânerie était délicieuse dans la Rome d’autrefois. Le bon roi en jouit à son aise. Il était aimé des Romains qui l’avaient surnommé le roi amant des beaux-arts. Il était le protecteur d’un groupe d’artistes au milieu desquels il vivait avec familiarité et qu’il appelait ses enfants. Sa Majesté s’oubliait parmi cette bohème. Quelquefois pourtant, il repassait les monts, il revenait en Allemagne — en Teutschland, comme il aimait à dire par un archaïsme nationaliste car le patriote de 1813 n’était jamais tout à fait mort en lui. La bonne ville de Munich, réconciliée, et dont il se proclamait dans une lettre « le plus heureux habitant », le recevait en triomphe comme un bienfaiteur public, protecteur des arts. Il était traité en roi, sans avoir les soucis du gouvernement. Et il souriait à ses émeutiers d’autrefois, auteurs involontaires de sa félicité. Il prolongea très tard cette vie d’amateur, s’occupant de la cathédrale de Cologne, dont l’achèvement était une « chose allemande » qui lui tenait à cœur, ou bien développant le musée germanique de Nuremberg, une de ses fondations préférées.

Il est incontestable que Louis II reproduira, en les exagérant et en les poussant au noir, presque tous les traits de caractère de cet original couronné.