se souvenait que de temps à autre de son intention de s’entretenir avec lui ». Dans la conversation d’ailleurs banale et qui ne sortit pas des propos de cour ordinaires, Bismarck remarqua pourtant « de la vivacité » il trouva le jeune homme « bien doué » et surtout il fut frappé de le trouver pénétré « du sentiment de son avenir ». Cependant, il était visible que ce repas officiel l’ennuyait. Bismarck nota que son jeune voisin buvait un peu plus de champagne que de raison, malgré les signes de sa mère à l’adresse des domestiques. « Ce fut, ajoute Bismarck, la seule fois que je rencontrai le roi Louis II. L’impression que j’emportai fut sympathique, quoique j’eusse le regret de n’avoir pas réussi à intéresser mon voisin de table. » Plus tard, Bismarck entretint avec Louis II une correspondance active et dont les Pensées et Souvenirs renferment quelques extraits assez curieux. Il est très remarquable que Bismarck, dans ses calculs politiques, n’ait pas cru devoir négliger cet idéaliste, et qu’il l’ait jugé, longtemps après sa déposition et sa mort, comme « un souverain clairvoyant en affaires ». L’éloge n’était pas médiocre sous la plume du chancelier, et c’est même certainement ce qu’on a jamais dit de plus flatteur à l’adresse du malheureux roi.