CHAPITRE II
LE CAS WAGNER
Devenu roi à dix-huit ans et demi, Louis II sembla d’abord n’avoir d’autre souci que celui de sa lourde responsabilité. La foule fut émue par cet adolescent, si pâle et si beau, qui suivait le cercueil de son père, le front penché, comme s’il eût craint le poids de sa couronne. C’est le roi vierge, le roi jeune fille : le surnom lui en restera. Et une atmosphère de sentimentalité germanique un peu niaise l’entoure, à laquelle il serait sage de ne pas se fier.
Les proclamations et les discours auxquels il est tenu pour son avènement trahissent tous une incertitude et une angoisse bien légitimes. C’est la lune de miel des nouveaux règnes, et Louis II montre la bonne volonté souriante de tous les débuts. Il ne changera rien à la politique suivie par son père. Il conservera les ministres qui sont venus, suivant l’usage, déposer leur démission entre ses mains. Il semble, d’ailleurs, qu’il ne possède pas sur le gouvernement la moindre idée personnelle. Comment le pourrais-je ? disent ses hésitations. À peine y a-t-il six mois qu’on a commencé de m’initier aux affaires ! Il va laisser les choses suivre leur cours, « comp-