« Un et tout !
« Synthèse de ma félicité !
« Journée pleine de délices ! — Tristan ! — Oh ! comme je me réjouis à l’idée de cette soirée ! Puisse-t-elle ne pas tarder à venir ! Quand le jour fera-t-il place à la nuit ? Quand le flambeau céleste s’éteindra-î-il ? Quand la demeure sera-t-elle plongée dans la nuit ? — Aujourd’hui ! Aujourd’hui ! Est-ce croyable ? Pourquoi me louer et me célébrer ? C’est lui qui a accompli l’Acte. C’est Lui qui est la merveille du monde. Et que suis-je sans Lui ? — Pourquoi, je vous en conjure, pourquoi ne trouvez-vous pas de repos ? Pourquoi toujours torturé de souffrances ? — Pas de volupté sans douleur. Oh comment faire fleurir pour lui, sur la terre, le repos, une paix éternelle et une incorruptible joie ? Pourquoi toujours tant de tristesse à côté de tant de bonheur ? Cause profondément mystérieuse : qui viendra l’expliquer au monde ?
« Mon amour, ai-je besoin de le redire ? vous restera toujours : Fidèle jusqu’à la mort. — Voici que je commence à mieux aller. Tristan me rétablira malgré ma fatigue. L’air printanier de Berg, où je vais me rendre, fera le reste. J’espère revoir bientôt mon Unique. Quelle joie me causent les plans de Semper : espérons qu’on ne nous fera pas trop attendre. Il faut que tout s’accomplisse. Je n’abandonnerai pas la partie. Il faut que le plus audacieux des rêves se réalise.
« Né pour toi ! Elu pour toi ! Telle est ma mission. Je salue vos amis : ce sont les miens.
« Pourquoi êtes-vous triste ? Ecrivez-moi, je vous en conjure.
Il y a quelque chose de véritablement charnel dans ces lettres passionnées, et l’on croit y retrouver comme des leitmotive de Tristan le plus propre de tous les drames wagnériens à ébranler le système nerveux, à remuer la sensualité. En sortant de la première représentation, Louis écrivait :
« … Et, n’est-ce pas, mon cher ami, vous n’allez pas perdre courage pour de nouvelles créations ? Ne renoncez pas à votre