personnes qui tiennent le roi sous leur funeste domination.
Louis II avait été effrayé par les désordres de la rue. Il connaissait la turbulence et l’entêtement de ses sujets. Déjà, sous Maximilien II, des manifestations bruyantes avaient causé le départ d’un directeur des théâtres royaux qui déplaisait. Et puis, il y avait surtout l’exemple salutaire de Louis et de Lola Montez. De l’art, de la comédie, des intrigues de coulisses étaient au fond de toutes ces petites révolutions bavaroises. L’histoire de Bavière se passait entre les frises et la rampe… Louis ne voulut pas sacrifier son trône à la « musique de l’avenir ». Il céda.
Pourtant, il eut encore quelques hésitations. Il lui était cruel de se séparer de Wagner, de renoncer aux rêves formés, aux projets ébauchés. Enfin la sagesse, l’esprit du devoir royal et politique, l’emportèrent. « La décision m’est pénible, dit-il au baron Schrenk, un de ses ministres. Mais, au-dessus de tout, je mets la confiance de mon pays. Je veux vivre en paix avec mon peuple. » En même temps, il écrivait à Richard Wagner cette lettre d’excuses timides et d’adieu :
« Si douloureux que ce coup soit pour moi, je dois vous demander de vous rendre au désir que je vous ai fait exprimer hier par mon secrétaire. Croyez-moi j’ai été obligé d’agir comme j’ai fait. Mon amour pour vous durera éternellement aussi, je vous en prie, donnez-moi une preuve de votre amitié. Je puis vous dire, en pleine conscience, que je suis digne de vous. — Et qui donc serait capable de nous séparer ?
« Je le sais vous sympathisez pleinement avec moi. Vous pouvez mesurer la profondeur de ma souffrance. Soyez-en convaincu je ne pouvais agir autrement ne doutez pas de la fidélité de votre meilleur ami.
« Mais cela n’est pas pour toujours !
« Jusqu’à la mort, votre fidèle