les gendarmes. Il fallut faire sortir les troupes des casernes. Quelques détachements de cavalerie se heurtèrent à des bandes de tapageurs et durent dégainer. Il y eut plusieurs blessés, et l’opinion publique n’en fut disposée que plus mal.
Les troubles de la rue étaient à peine calmés quand un journal libéral entama une campagne violente contre Wagner et aussi, chose nouvelle, contre le roi. Non contentes du départ de M. de Neumayer, ministre de l’Intérieur, sur qui on avait fait tomber la responsabilité des désordres d’octobre, et qui avait été remplacé par M. de Koch, les Dernières Nouvelles de Munich se plaignent, le 16 novembre, de la manière dont le roi comprend les devoirs de sa charge. Toujours absent de la capitale, résidant à Berg ou à Hohenschwangau, il ne reçoit plus « que peu ou pas du tout ses ministres ». Il donne toute sa confiance à ses « secrétaires de cabinet », Lutz, Pfistermeister et Leinfelder, qui, seuls, l’entourent et le conseillent, le gouvernent en réalité. Or, ces secrétaires, à la différence des ministres, sont irresponsables il est donc dangereux de leur laisser le pouvoir. Et, si respectueuse que soit la Bavière de la volonté royale, elle ne peut s’y abandonner sans contrôle, étant donné surtout a ce que le pays a appris sur le caractère de Sa Majesté ».
Dix jours après, le 29 novembre, le même journal reprit ses arguments en les précisant. Il n’insistait plus seulement sur le rôle illégal des secrétaires de cabinet, mais sur l’influence toujours grandissante de Wagner. On sait, aujourd’hui, disaient les Dernières Nouvelles, que cette amitié n’est plus une simple « fantaisie de jeune homme ». Elle a pris de telles proportions que le musicien est assez fort pour obtenir du roi tout ce qu’il souhaite l’argent ou le pouvoir. La population, à la fin, s’alarme de tant d’irrégularités. Pour la rassurer, il suffira d’éloigner les deux ou trois