entrait dans le zèle wagnérien du jeune roi. C’était un musicien médiocre, nous l’avons vu. C’était aussi un connaisseur douteux. Sa correspondance avec Wagner agite-t-elle les questions que soulevait l’esthétique du maître ? À aucun moment. Et Louis II ne semble pas même en avoir soupçonné l’existence. On a remarqué qu’il fuyait le concert et que, seule, la mise en scène : l’attirait ce n’est pas que Wagner pût s’en plaindre, puisque le « drame musical » comporte l’étroite coopération de l’orchestre, de l’action tragique et de la décoration. Mais Louis recherchait un peu trop uniquement son plaisir aux dépens même de la réputation de Wagner et de son honneur de maestro. Catulle Mendès racontait, à ce propos, une anecdote assez significative. Le 1er septembre 1868, on devait jouer à Munich l’Or du Rhin. Mais le décor était si misérable et la mauvaise marche de l’ensemble risquait de jeter un tel discrédit sur l’œuvre, que les amis de Wagner, indignés, voulurent l’avertir par dépêche du danger qui menaçait sa pièce et son nom. Le musicien accourut à Munich. Il supplia le roi de différer de quelques jours la représentation afin qu’il eût le temps d’améliorer la mise en scène. Louis II, impatient de jouir du spectacle qu’il s’était promis, refusa. Alors, au nom des droits sacrés de l’Art, la lutte fut entamée contre le caprice du souverain. On convainquit l’excellent chef d’orchestre Hans Richter qu’il ne pouvait prêter sa baguette à ce crime de lèse-Wagner : le bon Richter quitta son poste. Mais la direction de l’Opéra ne tarda guère à trouver un remplaçant. Alors, les conjurés s’adressèrent au chanteur Betz, le meilleur de la troupe, et ils lui firent honte de sa complicité dans l’assassinat d’une si grande œuvre. Betz se, laissa persuader et Catulle Mendès racontait que, le jour même où devait être donné le spectacle, il avait conduit Betz à la gare et
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