champagne, — se pencha soudain d’un côté au beau milieu d’une tirade, et se laissa tomber dans l’eau en s’écriant « Sauvez-moi, mon bien-aimé !»
Nicodème, sans ajouter un mot, s’arrêta. Puis il se mit à ricaner comme un gros malin. Mais Pascal, qui voulut savoir la fin de ce plaisant récit, demanda : « Et alors ? »
Alors le roi leva l’index et appela un valet de pied. Quand celui-ci vint, il lui dit d’une voix très douce qu’on ne lui connaissait pas : « Sortez cette dame, je vous prie, et faites la sécher ».
Des actrices, des aventurières de tous les étages, qui s’étaient juré de triompher du roi, ne furent pas plus heureuses. Louis II opposait à ces entreprises un dédaigneux noli me tangere. « Ne touchez pas à la Majesté », fut le mot dont il écarta un jour une dame indiscrète. Mais rien ne décourageait les prétendantes, et il en venait de partout. La célèbre Cora Pearl eut l’idée qu’elle pourrait jouer en Bavière un rôle au moins aussi brillant que celui de Lola Montez. Elle posa sa candidature avec portraits et documents à l’appui on ne lui fit même pas l’honneur d’une réponse. Cora Pearl eut pour consolation de se dire que d’autres porteurs de sceptre avaient été moins inaccessibles.
On imagine à combien de romans et de légendes cet isolement farouche a pu donner naissance. Du vivant même de Louis II, cent fables coururent, plus merveilleuses les unes que les autres. Et il est vrai que les courtisanes n’étaient pas les seules que tentât le mystère royal. Il y avait celles qui croyaient à l’orgueil, et celles qui croyaient à la timidité. Il y avait celles que la pureté ravissait et celles qui voulaient deviner une douleur dont elles eussent été les consolatrices. Chaste ou dédaigneux, Louis eut le privilège d’attirer le dévouement et le culte des femmes. Ce sont des femmes qui ont le plus héroïquement défendu sa mémoire. C’est à une