azur profond, tantôt nuancé comme l’opale, il devait se noyer par une soirée sombre et maussade…
Il avait fait son premier musée, un musée de jeune homme, de cette villa presque bourgeoise. Elle n’a plus été habitée depuis sa mort, et on la trouve aujourd’hui telle qu’il l’avait ornée. Étrange collection de pauvres choses qui, à force d’être naïves et laides, en deviennent touchantes. Ce n’est pas avec ces bustes de stuc et ces imageries communes que Louis Il eût endetté la Couronne ! L’obsession de Wagner et du grand siècle ne coûtait pas cher alors au Trésor bavarois, Il y avait même à Berg un jeu de poupées wagnériennes qui a été acquis par le musée de Strasbourg quand le prince-régent voulut combler les dettes de son neveu par la vente de ses souvenirs. Louis il s’était d’abord contenté de vivre au milieu des héros de la Tétralogie et de ceux du Saint-Graal figurés par des marionnettes. Son rêve, alors, n’avait pas d’exigences.
Bientôt, et Berg, et Hohenschwangau, le petit castel romantique de son enfance, parurent mesquins à Louis II. Il lui fallut un monument plus vaste, plus luxueux, plus grandiose, pour abriter sa passion wagnérienne. Il y avait, près de Hohenschwangau, — terre du cygne, lieu où était apparu Lohengrin, — une hauteur où, selon la tradition, s’était jadis dressé le burg des seigneurs de Schwanstein. De bonne heure, Louis II avait rêvé de reconstruire là un grand château féodal. Il avait visité l’Exposition de 1867, invité par Napoléon III avec les princes de l’Europe entière, et de son rapide voyage — la mort de son oncle Othon, le roi exilé de Grèce, l’ayant rappelé en Bavière au bout de quelques jours — il avait surtout rapporté l’impression que la reconstitution de Viollet-le-Duc à Pierrefonds lui avait produite. Il n’avait plus cessé d’envier ce grand jouet en pierre