de taille. À Eisenach, à la Wartbourg, l’Allemagne possède des châteaux forts historiques. Louis II les visita, évoquant le souvenir du landgrave de Thuringe au milieu des Minnesinger et des chevaliers-chanteurs. Il eut un moment l’idée de relever les ruines de Trausnitz, parce que la légende prétend qu’un Wittelsbach y avait hébergé Tannhsuser. Mais c’est au projet de Neuschwanstein, — la nouvelle pierre du cygne, — à l’endroit d’élection de son culte pour l’oiseau de Lohengrin, qu’il revint et qu’il se fixa.
L’endroit choisi était romantique à souhait : un décor pour les Burgraves. Des masses géantes de granit, d’obscures sapinières escaladant des pentes abruptes, un torrent impétueux : la nature avait fourni tous les accessoires. Les architectes n’eurent qu’à travailler sur ces données favorables. Entre tous les projets qui lui furent soumis, le roi s’arrêta à celui de Jank : chose à noter, ce Jank était décorateur de l’Opéra royal. Sa conception théâtrale s’était tout de suite rencontrée avec le goût de Louis II.
Le 15 septembre 1869, la première pierre de Neuschwanstein était posée. Les plans étaient si hardis et si complexes, qu’à la mort du roi, en 1886, le château n’était pas encore terminé. C’est aussi que l’on avait eu de prodigieux obstacles à vaincre. Louis II, comme s’il eût voulu se mesurer avec les difficultés naturelles, avait fait choix du rocher le plus escarpé pour y construire son burg. Il avait fallu, aux endroits où la roche était peu sûre, élever des murs de soutien difficiles et coûteux. Seul, une espèce de donjon avait été rapidement édifié. Louis s’y réfugiait pour y suivre les progrès de son œuvre. Comme Louis XIV, il prenait goût à la construction. Mais Louis XIV n’aurait pas eu l’idée de refaire Montlhéry ou le château de Coucy et de jouer au seigneur moyenâgeux.