meil. Souvent, il communiquait à ses entrepreneurs de fresques des notes sur les armures et le harnachement des chevaliers du moyen âge.
Dès que son burg romantique et wagnérien se fut élevé de terre, le roi y fit de iongs séjours. Il errait, pendant ses nuits sans sommeil, à travers les galeries à fresques. Et là il était à volonté Siegfried ou Parsifal, ou bien quelque landgrave artiste du temps des Minnesinger. Un officier d’ordonnance, un secrétaire de cabinet, dont les fonctions n’étaient pas des sinécures et qui devaient se soumettre aux fantaisies du roi, formaient toute sa suite. Sans contact avec âme au monde, Louis II passait ses jours dans ses palais artificiels, ses jours ou plutôt ses nuits, car des jets d’eau lumineux, de feux de Bengale, des embrasements de Neuschwanstein étaient ses plus chères distractions nocturnes. D’un léger pont de fer, hardiment jeté au-dessus du torrent, il regardait son beau château enflammé de pièces d’artifice. « J’aime idéaliser encore la beauté de la nature », disait-il un jour au peintre Spiess, invité par rare privilège à l’un de ces spectacles. Voilà ce que ce « dégénéré supérieur », comme on l’a défini, appelait « idéaliser ».
Il idéalisait d’une autre sorte lorsqu’il s’entretenait avec les morts ou avec les personnages légendaires qu’il préférait à la société des vivants. « Parsifal est mon héros, disait-il. Autrefois, j’avais choisi Siegfried mais celui-ci, dans sa force indomptée, triomphe de tout, tandis que Parsifal s’incline devant une puissance supérieure. Il raisonnait ainsi ses phantasmes. Et, le plus souvent, il dédaignait de fournir des explications. Il ne dit jamais pourquoi il rendait une sorte de culte à une statue exécutée sur ses indications. On la voit encore à Neuschwanstein c’est un dragon qui rampe au pied d’un palmier et qui s’efforce vainement d’atteindre les