ques réceptions à Munich en l’honneur de l’empereur Guillaume. Le public avait été frappé du contraste que formait le « vieux monsieur » de Berlin, encore droit, robuste, alerte, avec le jeune souverain bavarois, dont la personne exprimait l’hésitation, la lassitude et surtout l’ennui. Le séjour de Guillaume Ier à Munich avait été abrégé, à la grande satisfaction de Louis II, moins disposé que jamais à pardonner à son oncle et à ses cousins de Prusse, par la nouvelle de l’attentat commis par Kullmann contre Bismarck. Quelques semaines plus tard, Louis II disparaissait mystérieusement. Des notes communiquées à la presse disaient bien que le roi avait quitté Munich pour le château de Berg et qu’il avait l’intention d’achever l’été dans ses pavillons de chasse du Tyrol. En réalité, il était parti en secret, le 20 août, pour Paris, accompagné du fidèle Holnstein.
Louis II était descendu tout droit à l’ambassade de la rue de Lille, qui était occupée alors par le prince de Hohenlohe. Car déjà l’ancien ministre de Bavière commençait à recevoir, avec les plus beaux postes du nouvel Empire allemand, la récompense du concours qu’il avait apporté à l’œuvre de Bismarck. Louis II prouvait qu’il ne gardait pas de rancune contre celui qui avait été l’artisan le plus actif de l’unité allemande, en choisissant Hohenlohe pour hôte et pour confident de son escapade. L’ambassadeur d’Allemagne s’empressa d’ailleurs de faire connaitre au Gouvernement français l’identité du voyageur de marque qui se cachait sous le nom de comte de Berg. On était encore si près de la guerre qu’il fallait craindre les plus regrettables incidents au cas où un hasard ferait tomber l’incognito du roi.
Hohenlohe, dans son Journal, a noté l’emploi du temps de Louis II pendant ce qu’il appelait, au retour, les « belles heures » de son voyage. Musées, théâtres et même marchands