de curiosités dont il mettait les richesses à sac, rien cependant ne l’attirait comme Versailles. Versailles était pour lui comme le but d’un pèlerinage. Il y passa de longs moments, fit jouer les grandes eaux pour lui tout seul, eut même un entretien avec le duc Decazes, ministre des Affaires étrangères. Il regagna son royaume avec l’idée arrêtée de créer son Versailles, comme l’avait fait le grand roi.
Linderhof était aussi un pavillon de chasse des plus modestes, lorsque Louis II décida d’y élever une demeure somptueuse et royale. On a souvent dit que Versailles, son canal, ses eaux, étaient un défi à la nature. À Linderhof, le défi est plus frappant encore. Dans un coin du Tyrol, entre de hautes murailles de roches sauvages, parmi le triste sapin, à une altitude où la neige couvre le sol près de six mois de l’année, que peuvent faire un Trianon, un jardin tiré au cordeau et des nymphes qui frissonnent au milieu des ifs taillés ? Linderhof, avec ce contraste violent et recherché, fut pour Louis II une manifestation de volonté et de puissance. C’est pourquoi il décida même que, par un jeu de mots d’un orgueil puéril, Linderhof serait débaptisé et, du village voisin d’Ettal, recevrait le nom de « Meicost-Ettal », anagramme de « l’État c’est moi ».
Linderhof — car l’ancienne appellation a prévalu — n’est encore qu’un modeste essai de reconstitution d’un palais à la française. Avec ses proportions restreintes, c’est une luxueuse fantaisie d’ameublement et de décoration à l’usage d’un amateur de nos grands styles classiques qui aurait beaucoup pratiqué les livres des frères de Goncourt sur le XVIIIe siècle. Un cabinet jaune est dédié aux maîtresses de Louis XV : Mme de Châteauroux et ses sœurs, Mme de Pompadour, la Du Barry, en pastels qui ne sont pas de La Tour, s’y regardent. Un salon voisin est consacré aux ministres Choi-