opinion aussi bien le petit public des familles régnantes et des diplomates que le grand public renseigné par les journaux.
À Munich, on s’était d’abord imaginé que Wagner était le mauvais génie du roi, et que, Wagner parti, Louis II romprait avec ses habitudes de solitaire. Mais le renvoi du favori ne réussit qu’à l’assombrir, à lui faire prendre en haine la foule, les hommes politiques, sa famille même. Il n’était pas jusqu’à sa mère qu’il ne tint à l’écart. Le « colonel du troisième d’artillerie » comme il disait plaisamment par allusion à un titre honorifique de la reine, avait essayé de combattre ses fantaisies et ses goûts. Il ne pardonnait pas ces atteintes portées à sa liberté. Et, cependant, la princesse que, dans la fraîcheur de ses vingt ans, on avait surnommée l’ange, n’était ni un cœur sec ni une imagination bornée. Prussienne et luthérienne, elle devait, en 1874, se convertir au catholicisme, au vif mécontentement de l’empereur Guillaume et de Bismarck, alors en pleine ardeur de Culturkampf et de lutte contre l’Eglise. Peut-être, par sa conversion, avait-elle espéré supprimer une barrière entre elle et son fils. En ce cas, elle s’était trompée. Louis II, qui, jusqu’alors, avait passé plusieurs semaines d’été auprès d’elle à Hohenschwangau, l’abandonnait, avait pris en horreur les habitudes de la royauté bourgeoise et parcimonieuse, à la façon de Louis-Philippe ou des Hohenzollern, ne séjournait plus que dans ses châteaux fastueux. Pourtant, un soir de l’automne de 1885, la reine eut la surprise de recevoir la visite de son fils. Était-ce un retour de tendresse ? Il fallut en douter, puisque le roi lui-même raconta qu’il avait voulu imiter Louis XIV allant surprendre Anne d’Autriche pour un anniversaire.
D’ailleurs ce n’étaient pas les tentatives qui avaient manqué autour de Louis II pour le faire rentrer dans la vie de