CHAPITRE IV
L’ÉNIGME
Il y avait quelques mois à peine que régnait Louis II lorsque le bruit commença de se répandre en Bavière et en Europe que la raison du roi était atteinte. Calomnie ? Jugement précipité ? En tout cas, la nouvelle fit son chemin dans le monde. Louis II dédaigna, ne tenta même pas de démentir et de rassurer par un autre arrangement de son existence.
Quiconque ne vit pas, ne pense pas de la même façon que ses contemporains, risque de passer pour fou. Louis II s’était trop largement donné le plaisir de se comporter selon sa fantaisie et sans consulter la mode et les usages pour ne pas payer cette rançon. Nous avons vu que, dès 1865, au moment de la crise déterminée par la présence de Wagner à la cour, les journaux, à mots à peine couverts, avaient émis des doutes sur la raison du roi. Le prince « amant des clairs de lune », était déjà regardé comme un esprit dérangé. Les cours, les chancelleries le considéraient pareillement comme une sorte d’Hamlet inoffensif. Quelques-unes de ses aventures, et, en premier lieu, la rupture de ses fiançailles avec la princesse Sophie, ne furent pas sans confirmer dans leur