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CHAPITRE VIII

ITINÉRAIRE DES PYRAMIDES AU LUXEMBOURG


Bien habile qui eût deviné ce que pensait Bonaparte lorsqu’il revint à Paris, en décembre 1797, après vingt et un mois d’absence. Au fait le savait-il lui-même ? Pour les royalistes, les « clichyens », les gens de droite qu’il a canonnés en vendémiaire, il a toujours le même mépris. Il ne travaille pas pour eux. Mais en passant par Genève pour aller au Congrès de Rastadt, averti que le châtelain de Coppet l’attendait sur la route pour le saluer, il a refusé de s’arrêter. C’est que, dit son aide de camp Marmont, il avait « une prévention tenant de la haine contre M. Necker et l’accusait d’avoir plus qu’aucun autre préparé la Révolution ». Il n’aimera pas plus la fille que le père et Mme de Staël sera une de ses bêtes noires. Pour le coup de fructidor, il a prêté Augereau, payé de ses services politiques par le commandement de l’armée du Rhin. Mais, toujours sur la route de Rastadt, Bonaparte évite la rencontre de cet exécuteur des œuvres jacobines. Pourtant, au cours de ce même voyage, traversant la Suisse, il a excité les cantons démocrates contre l’aristocratie de Berne comme il s’était vanté d’avoir détruit l’oligarchie vénitienne au nom des principes de la Révolution.

Le général Bonaparte est une énigme. À Paris, reçu solennellement par le Directoire, il est conduit à l'« autel de la patrie » par Talleyrand qui ne dit plus que des messes laïques. Il écoute sérieusement