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Page:Jacques Bainville - Napoléon.djvu/77

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léon tentera de mettre l’Angleterre à genoux par le blocus continental, et le blocus continental le conduira à entreprendre la soumission de l’Europe entière. Ce sera encore un héritage de la Révolution. Déjà, par un décret rendu le 9 octobre 1793, sur la proposition de Barère, les marchandises d’origine britannique ont été prohibées et Clootz avait dit que cette mesure devait être imposée aux neutres pour, « détruire Carthage ». En 1796, la même prohibition sera renouvelée. L’empereur n’inventera ni cette politique ni ce système. Mais l’Empire sera nécessaire pour les continuer.

Résumons ces explications qui étaient indispensables. En laissant après elle un pouvoir débile et discuté, en léguant à ce pouvoir la tâche immense de vaincre l’Angleterre et l’Europe, la Convention ouvrait deux fois la porte à la dictature d’un soldat. Elle préparait l’avènement d’un général par une suite de coups d’État à l’intérieur, une guerre sans fin à l’extérieur. Mais, dans cet ensemble de causes, comment le destin de Bonaparte s’est-il inséré ? Comment ces fruits ont-ils mûri pour lui, non pour un autre ? Nous l’avons laissé quand son étoile, qui à brillé un moment, semble éteinte. Reprenons le fil des événements.

Celui qui, dans vingt ans, finira sur une plaine belge, par un désastre grandiose, fut sans doute, le 1er octobre 1795, aussi peu attentif à la réunion de la Belgique que, pour la plupart, ses contemporains et ses historiens l’ont été. À ce moment, l'intérêt est ailleurs : tandis que la Convention délibère sur les frontières naturelles et croit avoir à jamais reconstitué les Gaules, Paris s’agite encore. Maintenant, c’est la contre-révolution qui le mène. En un an, elle a fait des progrès immenses dans cette bourgeoisie parisienne qui avait salué 1789 comme une aurore. Sauf une ou deux, toutes les sections, la section Le Pelletier à leur tête, protestent contre les décrets, « injurieux pour la nation », qui limitent