Page:Jacques Bainville - Napoléon.djvu/78

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le choix des électeurs et violent la souveraineté du peuple en attribuant aux conventionnels les deux tiers des sièges dans les nouvelles assemblées. Chaque jour, ce sont des incidents, des insolences, des mises en demeure. Et quand la Convention découvre qu’elle est menacée, non plus par les sans-culottes, mais par la réaction, elle s’aperçoit aussi que « la foudre révolutionnaire s’est éteinte entre ses mains ». Elle hésite en outre devant une répression vigoureuse de crainte de réveiller le terrorisme et, par là, de donner, à la veille des élections, un argument à la droite en inquiétant le pays. Elle laisse aller les choses, elle supporte les défis des sections dans le calcul que la province et l’armée, qui a le droit de vote, seront plus dociles que Paris. Seulement, le jour où l’on apprend que la province et l’armée ont accepté les décrets, Paris se soulève.

C’est encore, comme au 1er prairial, le général Menou qui défend la Convention. Cette fois, il a en face de lui les bonnes sections avec lesquelles il protégeait l’Assemblée quatre mois plus tôt tandis que les jacobins qu’il a écrasés lui offrent leurs services. Menou est désorienté. On le serait à moins. Ayant vu la guillotine de près sous la Terreur, ses sympathies vont plutôt à ceux qu’il a eus pour alliés en prairial et qu’il doit combattre maintenant. De plus, ses instructions, peu péremptoires, se ressentent des perplexités des thermidoriens. Pour éviter de verser le sang, Menou, dans la soirée du 12 vendémiaire (4 octobre), conclut une sorte de trêve avec Delalot, un bourgeois énergique, chef de la section Le Pelletier. Le bruit se répand aussitôt dans Paris que le défenseur de la Convention a capitulé et l’insurrection crie victoire.

Saluons. C’est l’astre de Bonaparte qui se lève. Que Menou fût moins faible ou Delalot moins ferme, l’occasion était manquée. Un jeune militaire sort de l’ombre grâce au colloque de deux hommes obscurs, un soir, a la section Le Pelletier, dans une salle du