Page:Jacques Boileau - De l abus des nudites de gorge, Duquesne, 1857.djvu/31

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grand homme, qu’on donne une si funeste recompense à des peines si déraisonnables et si criminelles ; mais aussi c’est avec une injustice extrême que ces femmes se gesnent et se tour mentent pour se damner, et qu’elles ne veulent pas souffrir la moindre chose pour leur salut.

XXVIII. L’Histoire nous apprend qu’autre fois une grande Princesse profita si bien du conseil que luy donna un saint personnage d’abolir la mode des nuditéz de gorge, qu’elle fut la première qui commença à couvrir la sienne, et que joignant son autorité à son exemple elle obligea et persuada, tout ensemble, les Dames de sa Cour de n’y venir qu’avec des habits modestes, ou du moins qu’avec des ornemens qui ne blessoient pas la pudeur de leur sexe, quoy qu’ils fissent connoitre la grandeur de leur naissance. Pleust à Dieu que cet écrit eût le même effet que ce conseil, puis qu’ils ne tendent l’un et l’autre qu’à une même fin. Que si les raisons et les autoritéz, dont je me suis servi, ne sont pas assez puissantes pour persuader aux femmes du siècle de con damner l’abus des nuditéz, je souhaitte que l’exemple de cette Princesse et de tant d’illustres Dames qui relèvent leur dignité par leur modestie, leur inspirent un saint désir de les imiter.