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PRÉLIMINAIRE.


que ces derniers inspirèrent prit la place du respect ; et tous. ceux qui voulurent se faire craindre se donnèrent pour sorciers. Ils se multiplièrent tellement que, dans des temps peu reculés, chaque village possédait encore les siens. [1]

Mais, outre les sorciers qui se donnaient pour tels, l’ignorance en faisait tous les jours. Les grands hommes, les mathématiciens, les artistes tant soit peu habiles, les bateleurs même passèrent pour sorciers ou magiciens. Les hérésies et les schismes en produisirent des multitudes. Dans la religion chrétienne, surtout, chaque parti traitait d’amis du diable ceux des partis divisés. On est fort étonné de voir accusés de magie, Orphée, Numa, Pythagore, Mahomet, Luther et mille autres qui n’étaient que des imposteurs, et qui, comme la plupart des anciens conquérans, trouvaient dans la crédulité des peuples un chemin à la domination, et domptaient par les craintes religieuses. Quelques-uns, il est vrai, n’abusèrent point de ces ressources ; Licurgue et Numa les firent contribuer au bonheur des mortels igno-

  1. Il y a des peuples chez qui tous les devins sont des prophètes. Il faut que cela soit ainsi chez les Turcs, puisqu’ils en comptent cent vingt-quatre mille.