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PRÉLIMINAIRE.


bûchers firent l’effet des persécutions, et la sorcellerie ne s’éteignit qu’avec les flammes qu’on entretenait pour la détruire. Cependant ou vit encore des sorciers, et un grand nombre de charlatans, sur la fin du règne de Louis XIV. L’arme du ridicule les attaqua victorieusement ; les terreurs infernales devinrent des chimères ; et, s’il se trouve encore aujourd'hui une multitude de petits esprits qui croient aux sorciers et aux revenans, ce sont de ces gens qui ne doutent de rien, qui regardent les mensonges des anciens comme des choses très-respectables, les contes de fées comme des aventures possibles ; et qui frissonnent en lisant des histoires de spectres et des contes noirs[1].

  1. Celui-là, dit Naudé, se ferait à bon droit moquer de lui, qui voudrait se persuader que Turnus, le petit Tydée et Rodomont lancèrent autrefois contre leurs ennemis des quartiers de montagnes, parce que les poëtes l’assurent ; ou que Jésus-Christ monta au ciel, à cheval sur un aigle, parce qu’il est ainsi représenté dans une église de Bordeaux ; ou que les apôtres jouaient des cymbales, aux funérailles de la vierge, parce que le caprice d’un peintre les voulut représenter de la façon ; ou que le sauveur envoya son portrait, fait de la main de Dieu même, au roi Abgare, parce qu’un historien sans jugement l’a rapporté ; etc. Quoiqu’on soit encore bien superstitieux, on ne croit plus guère à ces fables antiques, et l’incrédulité actuelle, à l’égard de certaines choses, fait