simple n’a pas dû long-temps suffire à l’homme, ami du merveilleux et du mensonge. Il a fallu créer
des fables, inventer des cérémonies ; et ce premier
pas, en occupant l’esprit des objets extérieurs, fit
oublier bientôt le Dieu à qui Ton croyait rendre
hommage. On inventa les mauvais esprits, à qui
fut attribué tout le mal. On consacra même les vices.
Jupiter fut incestueux et parricide, Junon vindicative
et jalouse, Mars emporté et cruel, Vénus
prostituée, Mercure voleur, etc. Les Arimane, les
Satan, les Até, les Moloch, le dieu du mal des
Mexicains, et tous les génies m al faisans vinrent de
la même source ; et lorsqu’on laissa un Dieu suprême
exempt de vices, on l’entoura de démons qui furent
les ministres de ses vengeances ; et Dieu fut craint
s’il cessa d’être aimé. On l’apaisa par des sacrifices ;
on gagna ses bonnes grâces en ensanglantant ses autels ;
on déchira le sein des êtres vivans, pour plaire
à celui qui leur avait donné la vie[1] .
Cécrops, le premier législateur des Athéniens, en, leur recommandant d’offrir aux Dieux les prémices de leurs fruits et de leurs moissons, leur défendit les sacrifices sanglans. Il prévoyait, dit Saint-Foix, que si l’on commençait une fois à sacrifier des animaux, les prêtres, pour mieux établir leur despotisme, ne tarderaient pas à exiger des victimes hu-
- ↑ 1 Dii placari possunt pietate et prcibus justis, non superstitione contaminatâ, neque hostiis cœsis ad perficiendum scelus. Cicero, pro Clueni.