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Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal-1844.djvu/14

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PRÉFACE.


sophe qui ne sait pas s’il croit à Dieu et qui exécute les cérémonies du grimoire pour faire venir le diable.

Jamais les égarements superstitieux n’ont été plus saillants qu’aux époques les plus irréligieuses ; et je ne sais trop si l’on ne pourrait pas répéter, aujourd’hui même, ce que disait autrefois le curé Thiers dans la préface de son Traité des Superstitions : « Elles sont si généralement répandues, que tel les observe qui n’y pense nullement ; tel en est coupable qui ne le croit pas. »

Il est donc utile, nous le pensons du moins, de donner, dans un meilleur esprit, une nouvelle édition de ce livre pour dissiper les erreurs et les superstitions répréhensibles, et pour exposer aux curieux les croyances bizarres ou singulières qui ne sont que poétiques (comme on dit à présent) sans être dangereuses.

Les ouvrages qui traitent de ces matières ne sont généralement que d’indigestes amas d’extravagances, ou d’incomplètes compilations, ou de froides discussions mal coordonnées. Les personnes qui veulent connaître un peu ces matières et faire la collection des ouvrages rares et curieux dont elles sont le sujet, doivent pour cela dépenser de grandes sommes et passer plusieurs années dans ces recherches. On croit pouvoir leur épargner tous ces frais et toute cette peine dans cette nouvelle édition, entièrement refondue, du Dictionnaire infernal. Les curieux y trouveront tout ce qui concerne les démons, les esprits, les lutins, les farfadets, les fantômes, les revenants, les spectres, les vampires, lesgholes, les sorciers, les lamies, le sabbat, les loups-garous, les possédés, les charmes, les maléfices, les enchantements, les bohémiens, les francs-maçons, les magiciens, les gnomes, les sylphes, les salamandres, les fées, les ogres, les génies, les évocations, les secrets merveilleux, l’alchimie, la cabale, les talismans, l’astrologie judiciaire, la physiognomonie, la chiromancie, la métoposcopie, la crànologie, le magnétisme, la baguette divinatoire, les horoscopes, les songes, la cartomancie et les autres moyens de dire la bonne aventure, les erreurs et les préjugés populaires, les fausses opinions, etc., et, en un mot, le résumé de tous les livres écrits sur les superstitions, la notice des démons et des sorciers, et des articles sur les démonographes. On y pourra juger ce que sont les fatras, dangereux malgré leurs sottises, que de pauvres insensés recherchent encore : le Grand et le Petit Albert, les Grimoires, le Dragon rouge, les Clavicules de Salomon, l’Enchiridion, attribué si effrontément au pape Léon III, etc., etc., etc.

Dans des sujets qu’une adresse satanique a si souvent accolés à la religiou, il se présentera quelquefois, pour l’écrivain, des rencontres perfides et des passes délicates. Puisse l’esprit de sagesse le diriger ! Si dans certains articles il se trompe, il déclare d’avance que, fils soumis de la sainte Église, et soumis sans restriction et sans réserve, il désavoue, condamne et déteste tout ce que l’Église pourrait désapprouver dans son livre.